Maintenons le cap!

Les énergies solaire et éolienne comme bases d’un réseau électrique fiable

Par Robert Hornung, président et chef de la direction, Association canadienne de l’énergie renouvelable

Ensemble, l’éolien, le solaire et le stockage d’énergie constituent des solutions fiables pour satisfaire les besoins énergétiques du Canada dans une économie carboneutre.

Tous savent que les énergies éolienne et solaire sont variables : le temps n’est pas toujours ensoleillé ou venteux.

Cependant, grâce aux technologies émergentes du secteur de l’électricité et aux nouvelles utilisations des technologies et des infrastructures existantes, bâtir un réseau électrique fiable fondé sur les énergies éolienne et solaire est manifestement possible.

Miser sur l’éolien et le solaire

Ce n’est pas de la science-fiction : il est déjà démontré que les énergies éolienne et solaire peuvent combler une portion considérable des besoins en électricité.

Actuellement, elles répondent à environ 6,8 % de la demande énergétique du Canada et,dans une plus grande proportion, elles répondent à 25 % de la demande à l’Île-du-Prince-Édouard et à 13 % en Nouvelle-Écosse).

Mais elles peuvent y contribuer encore plus.

Dans l’Union européenne, l’énergie éolienne comble déjà 16 % de la demande d’électricité. Cette proportion s’élève à plus de 20 % en Irlande, au Portugal, en Allemagne, en Espagne et au Royaume-Uni, et à près de 50 % au Danemark.

Parallèlement, l’énergie solaire répond maintenant à près de 10 % de la demande énergétique de certains pays.

En effet, Bloomberg New Energy Finance prévoit qu’en 2050, l’éolien et le solaire représenteront 56 % de la production mondiale d’électricité, atteignant des niveaux de pénétration de 70 à 80 % dans certains pays.

Mais étant donné la variabilité de la production éolienne et solaire, comment est-ce possible?

Généralement, la production d’énergie éolienne est plus élevée la nuit et l’hiver, et la production d’énergie solaire, l’été et le jour. Si cette complémentarité naturelle atténue la variabilité, les opérateurs de réseaux électriques, qui doivent équilibrer l’offre et la demande, ont besoin d’une plus grande certitude.

L’éolien et le solaire sont des énergies renouvelables abordables et carboneutres, mais leur croissance rapide augmente la variabilité dans le réseau.

Heureusement, les opérateurs disposent de plus en plus d’outils pour la gérer tout en tirant le maximum du solaire et de l’éolien.

Le stockage d’énergie : un outil en plein essor

Les technologies de stockage existantes sont nombreuses (batteries, volants d’inertie, pompage, air comprimé, hydrogène), mais elles ont une chose en commun : elles stockent l’énergie produite pour une utilisation ultérieure.

Récemment, les technologies de batterie ont suscité beaucoup d’intérêt. Elles sont rapidement mises en place et, au cours des dix dernières années, leur coût a chuté de 90 %.

Les batteries peuvent être utilisées seules ou dans le cadre de projets d’énergie renouvelable (ou projets hybrides). Elles peuvent répondre rapidement et avec précision aux directives des opérateurs de réseaux, ce qui en fait d’excellentes candidates pour renforcer la fiabilité du réseau, par exemple par le façonnement des énergies renouvelables, la gestion de la transmission et de la congestion, et le maintien de la tension.

Les batteries peuvent stocker de l’énergie pendant plusieurs heures, mais d’autres technologies émergentes, comme le stockage par air comprimé, offrent une capacité à plus long terme.

Les abondantes ressources hydroélectriques du Canada peuvent aussi stocker de l’énergie pendant de très longues périodes. Les réservoirs derrière les barrages emmagasinent l’énergie produite par les installations solaires et éoliennes, puis la libèrent au besoin. En effet, le Minnesota a recours aux ressources de Manitoba Hydro pour compenser la variabilité de sa production éolienne.

Interconnexion entre les réseaux

Les interconnexions entre les réseaux électriques sont un autre important outil de gestion de la variabilité : plus elles sont nombreuses, plus l’éventail d’options de gestion s’élargit.

De nombreuses études montrent que l’amélioration des interconnexions est un excellent investissement, qui s’avère aussi essentiel à l’accélération du déploiement des énergies renouvelables.

Mais les nouvelles méthodes de transmission ne sont pas tout…

L’émergence rapide des ressources d’énergie distribuées et la prévalence des technologies de réseaux intelligents donnent aussi de nouvelles options aux opérateurs de réseaux pour gérer la variabilité du côté de la demande.

Prenons l’énergie éolienne : comme la production atteint généralement son sommet la nuit, quand la consommation d’électricité est la moins élevée, on pourrait facilement utiliser cette énergie abordable en faisant augmenter la demande pendant cette période – par exemple en encourageant la recharge des véhicules électriques la nuit. Après tout, les batteries des véhicules électriques sont conçues expressément pour stocker l’énergie en vue d’une utilisation ultérieure.

Soulignons aussi que les nouvelles technologies solaires et éoliennes peuvent offrir de nombreux services de fiabilité sur le réseau, comme la réponse de fréquence rapide et la régulation de la puissance réactive. De plus, en cas de chute subite de la demande d’électricité, elles permettent de réduire la production beaucoup plus rapidement et à moindre coût que les technologies de production traditionnelles.

Les bases du réseau de demain

Donc, pouvons-nous profiter du coût incroyablement bas des énergies solaire et éolienne et les placer au cœur de réseaux d’électricité fiables? La réponse est oui.

Plus encore : les énergies éolienne et solaire et le stockage d’énergie constitueront des bases solides. Les réseaux de demain seront plus diversifiés, décentralisés et interconnectés, et privilégieront le solaire et l’éolien tout en fournissant les outils nécessaires pour assurer leur fiabilité. Les Canadiens profiteront alors de services améliorés à prix réduit permettant en prime de lutter contre les changements climatiques.

Cet article est le quatrième d’une série exposant la vision de CanREA dans laquelle j’explique pourquoi les énergies éoliennes et solaires et le stockage d’énergie seront au cœur de la transition énergétique du Canada. Jusqu’à présent, j’ai fait valoir que ces technologies représentent la trajectoire la plus abordable pour le réseau électrique, en plus d’offrir  de nombreuses retombées économiques intéressantes (création d’emplois stables bien rémunérés et investissement dans les communautés rurales). Elles nous permettent également  de lutter contre les changements climatiques, le plus important défi environnemental de notre époque, et elles représentent des solutions fiables pour l’avenir énergétique du Canada. Dans mon prochain article, j’expliquerai comment elles offrent de nouvelles options aux consommateurs.  

Lorsque les permis suivent l’innovation

Le caucus de l’Alberta de CanREA salue les assouplissements apportés au Règlement 007 de l’AUC

Le caucus de l’Alberta de Association canadienne de l’énergie renouvelable (CanREA, ou CanWEA avant le 1er juillet 2020) salue la décision de l’Alberta Utilities Commission (AUC) de réviser son Règlement 007. Depuis plusieurs années, nos membres travaillent avec l’AUC à l’amélioration de ce règlement qui encadre le processus de demande relative aux centrales, aux sous-stations, aux lignes de transmission, aux désignations des systèmes industriels et aux projets hydroélectriques.

Au nom de nos membres, nous avons réclamé des changements afin que le Règlement reflète mieux l’évolution rapide des technologies qui caractérise notre industrie.

Innovation et obsolescence

L’une des particularités du secteur de l’énergie renouvelable, c’est son évolution rapide, stimulée par le développement constant de nouvelles technologies. Si ces technologies engendrent des baisses de coûts (lisez notre article à ce sujet), les changements se produisent trop rapidement pour le processus d’approbation, ce qui complique la tâche aux promoteurs qui souhaitent faire des demandes de permis réglementaires en Alberta.

Par exemple, le plan d’un promoteur éolien qui fait une demande de permis pourrait comporter des technologies éoliennes qui, bien que d’avant-gardes au moment de la demande, ne seraient plus en production au moment de la construction, ayant été remplacées entre-temps par de nouveaux modèles plus avancés.

L’ancienne version du Règlement 007 prévoyait qu’un promoteur remplisse une révision de son permis s’il avait changé le modèle de son éolienne avant la construction; essentiellement, il s’agissait de recommencer la demande à zéro. Ce processus réglementaire fastidieux pouvait prendre des mois, voire des années.

Des assouplissements nécessaires

Grâce aux changements apportés au Règlement 007, un promoteur peut maintenant remplir une demande de permis avec un modèle d’éolienne provisoire – actuellement sur le marché – ou un modèle d’éolienne prévu – une technologie qui devrait l’être à court terme.

Lorsque la demande est approuvée, la planification du projet peut suivre son cours. Quelques semaines avant la construction, le promoteur envoie une révision confirmant le choix définitif de la technologie du projet. Tant que la puissance éolienne, la longueur des pales, la hauteur du moyeu, le niveau de bruit et l’incidence environnementale du nouveau modèle n’excèdent pas ceux du modèle préapprouvé, le projet peut aller de l’avant.

Le long processus fastidieux s’est transformé en procédure administrative simple et rapide.

Une refonte ambitieuse

En plus de mettre en œuvre de nouvelles mesures flexibles et de faciliter la compréhension du Règlement 007, l’AUC a ajouté un processus de demande pour les installations de stockage, modifié le processus de prolongement de permis, mis à jour le Participant Involvement Program (PIP), et clarifié la façon dont les répercussions du projet sont communiquées aux propriétaires fonciers, afin que ces derniers et les membres de la collectivité et des communautés autochtones soient informés des différentes éventualités.

Ces changements s’inscrivent dans une ambitieuse refonte du Règlement 007 effectuée de 2019 à 2021, au cours de laquelle l’AUC a consulté des propriétaires fonciers, des membres des collectivités et des acteurs de l’industrie grâce à CanREA (anciennement CanWEA).

Nous félicitions l’AUC d’avoir entrepris la démarche et de l’avoir menée à bien, et nous sommes heureux d’avoir contribué à cette solution novatrice.

Pour en savoir plus

Les membres du caucus de l’Alberta continueront de se mobiliser autour de cet enjeu. Ils recevront l’ensemble des renseignements sur ce changement réglementaire en Alberta, y compris un webinaire qui expliquera les changements apportés au Règlement 007 de l’AUC.

La participation à des caucus, groupes de travail et comités directeurs constitue l’un des principaux avantages accordés aux membres de CanREA à partir de l’échelon Supporteur. Il en existe plusieurs : caucus de l’Alberta, de la Saskatchewan, de l’Ontario et du Québec, caucus fédéral et caucus national sur le stockage d’énergie, sur les opérations et sur les ressources d’énergie distribuées. Cet engagement donne aux entreprises membres la chance de mener un important travail pour déterminer l’avenir de l’éolien, du solaire et du stockage d’énergie au Canada.

Pour en savoir plus sur l’admissibilité, veuillez communiquer avec les services aux membres de CanREA à l’adresse suivante : membres@associationrenouvelable.ca

Carpe diem, Canada

Nous pouvons atténuer les changements climatiques, mais seulement si nous plaçons l’éolien, le solaire et le stockage d’énergie au cœur d’une transition complète vers l’énergie propre dès aujourd’hui.

Il y a plus de 30 ans que je milite pour des mesures de réduction des gaz à effet de serre (GES), principalement de l’intérieur de la communauté environnementale et à titre de représentant du secteur de l’énergie renouvelable. Si l’on constate un progrès réel durant cette période, dans l’ensemble, le rythme des changements s’est révélé insuffisant : à l’heure où nous devrions sprinter pour tout tenter afin de prévenir la catastrophe, nous marchons lentement dans sa direction.

La température moyenne au Canada augmente deux fois plus rapidement que la moyenne mondiale. Les signes des changements climatiques sont partout : fonte du pergélisol, montée du niveau des mers littorales, modification des tendances d’accumulation de neige et températures extrêmes provoquant une augmentation des inondations, des sécheresses et des tempêtes violentes.

Nous voyons déjà des répercussions importantes sur nos écosystèmes, nos communautés, nos infrastructures et notre économie, et la situation est en voie de s’aggraver dramatiquement.

En vertu de l’Accord de Paris, le Canada s’est engagé à réduire ses émissions de GES de 30 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2030, et s’est joint à plus de 120 autres nations avec sa promesse d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Il s’est également fixé un objectif de réseau propre, visant ainsi 90 % de sources d’électricité non émettrices avant 2030 et 100 % avant 2050.

Les objectifs, c’est une chose; les résultats, c’en est une autre. Malgré les mesures prises jusqu’ici par le Canada, ses émissions annuelles de GES sont demeurées relativement stables depuis 2005, à plus ou moins 700 Mt, toujours aussi loin de l’objectif de Paris de 524 Mt.

En décembre 2020, l’Association a accueilli le nouveau plan du gouvernement fédéral, « Un environnement sain et une économie saine ». Il s’agit d’un pas important vers l’atteinte de la carboneutralité d’ici 2050, mais il est crucial que les nouvelles propositions qu’il contient se traduisent par des mesures concrètes aux résultats significatifs dès 2021.

Comment y arriver?

Les cibles de réduction de GES que s’est fixées le Canada pour 2030 et 2050 posent un défi, mais sont certainement atteignables.

L’Institut canadien pour des choix climatiques a récemment publié un rapport analysant 60 trajectoires potentielles différentes qui permettraient au Canada de devenir carboneutre d’ici 2050. Sa conclusion? Des technologies « valeurs sûres » permettraient de presque atteindre la cible de 2030 et une bonne partie de celle de 2050, bien qu’il faudra compléter ce travail par certaines des nombreuses technologies « paris risqués ».

S’il existe d’importantes différences entre les scénarios de carboneutralité, tous reposent sur une décarbonation et une expansion considérable du réseau électrique.

Heureusement, le Canada est mieux placé que la plupart de ses homologues pour développer une stratégie à partir de cette pierre angulaire. Pour y arriver, il doit agir sur trois fronts.

1. Première étape : Un approvisionnement en électricité propre

Au Canada, 82 % du réseau électrique est déjà propre. Les 18 % restants peuvent facilement le devenir grâce aux abondantes ressources d’énergie renouvelable inexploitées du pays – dont le potentiel dépasse de beaucoup cette proportion.

Nous devons faire en sorte que toute nouvelle production d’électricité découle de processus concurrentiels et de signaux du marché visant une production propre des plus abordables.

Halkirk Alberta Wind Farm. Photo : Capital Power

Grâce à leur coût concurrentiel, l’éolien et le solaire seront les principales ressources à l’avant-plan de ces nouveaux investissements, complétés par d’autres en stockage et en transport interprovincial d’énergie pour garantir la fiabilité.

Le président Biden a affirmé que les États-Unis prendront des mesures pour décarboner leur réseau électrique d’ici 2035. Le Canada peut faire de même et devrait accélérer ses efforts en ce sens, tout en travaillant avec son voisin du sud pour permettre l’exportation d’électricité propre et ainsi l’aider à atteindre son but.

2. Deuxième étape : L’abandon des combustibles fossiles, car un réseau propre, c’est loin d’être assez

Notre électricité peut bien être la plus propre au monde, mais tant que le transport, l’industrie lourde et le chauffage ne seront pas électrifiés, nous n’arriverons pas à réduire nos émissions de GES de manière substantielle.

Actuellement, l’électricité répond à 16 % des besoins énergétiques du Canada. Les 84 % restants sont en grande partie comblés par les combustibles fossiles (pétrole, gaz naturel, charbon). Heureusement, pour bon nombre de ces besoins, les possibilités d’utiliser de l’électricité abondent.

La transition devrait commencer par le transport. Au cours des derniers mois, les signes encourageants se sont multipliés concernant les voitures électriques : promesse de constructeurs automobiles de transition vers une production de véhicules électriques, achats de voitures électriques en hausse chez les consommateurs, augmentation des investissements dans les infrastructures de recharge.

Nous avons également vu des engagements visant à bannir la vente de voitures à essence : d’ici 2035 au Québec et d’ici 2040 en Colombie-Britannique. Il faut maintenant rassembler toutes ces initiatives prometteuses en une stratégie globale fédérale-provinciale d’électrification du transport de passagers.

Ensuite, il faudra définir des stratégies similaires pour l’électrification de l’industrie lourde et des bâtiments. Si les gouvernements font bien de se consacrer à l’amélioration de l’efficacité énergétique du parc immobilier existant, il n’en reste pas moins crucial qu’ils profitent de ces rénovations pour explorer les possibilités d’autoapprovisionnement en énergie par une production d’électricité sur place (panneaux solaires sur les toits).

3. Troisième étape : Une production d’électricité beaucoup plus importante

Des études – notamment celles menées par l’Institut de l’énergie Trottier, le projet Trajectoire de décarbonation profonde à 2050 de l’ONU et l’Accélérateur de transition – sont toutes parvenues à une même conclusion : il faudra doubler ou tripler la taille du réseau électrique du Canada d’ici 2050 pour contrer les changements climatiques.

En effet, la réduction considérable des émissions de GES d’ici 2050 implique une augmentation de la demande en énergie propre pour alimenter les voitures électriques, les thermopompes électriques et de la nouvelle machinerie industrielle novatrice dans des secteurs comme celui de l’aluminium.

Un tel déploiement prendra du temps; nous devons commencer à prévoir le réseau électrique de 2050 dès maintenant pour mettre toutes les chances de notre côté.

Leadership mondial

Le Canada a une occasion de s’ériger en véritable leader mondial de la transition énergétique. Nos abondantes ressources énergétiques renouvelables nous procurent un avantage compétitif et nous sommes bien placés pour en profiter : la décarbonation et la forte expansion de notre réseau électrique propre compteront pour beaucoup dans l’atteinte de l’objectif de carboneutralité de 2050.

Les changements climatiques ne sont pas réversibles, mais avec une collaboration intersectorielle et interprovinciale, nous pouvons les ralentir afin que leurs effets soient plus gérables tout en créant des possibilités pour tous les Canadiens.

Nous avons une occasion unique de prévenir une catastrophe pour nos enfants et nos petits-enfants. Saisissons-la sans attendre!

Carpe diem.

Cet article est le troisième d’une série exposant la vision de CanREA quant à la façon dont l’éolien, le solaire et le stockage d’énergie, ensemble, seront au cœur de la transition énergétique du Canada. Jusqu’à présent, j’ai fait valoir que ces technologies représentent la trajectoire la plus abordable pour le réseau électrique du Canada, en plus d’offrir de nombreuses retombées économiques intéressantes (création d’emplois stables bien rémunérés et investissement dans les communautés rurales). L’énergie propre est également au cœur de nos initiatives nationales de lutte contre les changements climatiques, le plus grand défi environnemental de notre époque. Dans mon prochain article sur la vision de l’Association, j’expliquerai comment les énergies éolienne et solaire et le stockage d’énergie, ensemble, peuvent contribuer à la création du meilleur avenir possible pour les Canadiens en offrant de nouvelles options aux consommateurs.

Réels retours du renouvelable

Solides arguments économiques pour placer les énergies éolienne et solaire et le stockage d’énergie au cœur de la transition énergétique du Canada.

Dans un précédent article, j’affirmais que les énergies éolienne et solaire à faible coût d’aujourd’hui, combinées aux ressources actuelles en hydroélectricité et aux technologies de stockage d’énergie de plus en plus abordables, constituent l’option la plus économique et la meilleure voie possible pour l’avenir du réseau électrique du Canada.

J’aborde aujourd’hui une autre facette de l’argument économique : en plus de représenter le moyen le moins coûteux d’atteindre nos cibles climatiques, une électricité abordable, propre et fiable procure aux Canadiens de nombreuses autres retombées économiques de taille.

Le pays tirerait particulièrement avantage à donner au solaire, à l’éolien et au stockage une place centrale dans sa transition énergétique : nouveaux investissements locaux massifs, importante création d’emplois et bénéfices directs pour les propriétaires résidentiels, les petites entreprises et les collectivités d’accueil en milieu rural et éloigné, y compris les communautés autochtones.

Investissements

L’énergie renouvelable et le stockage sont les fondements de la transition que doit opérer le Canada pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050.

L’éolien, le solaire et les batteries recevront 80 % des investissements dans l’augmentation de la capacité de production d’électricité à l’échelle mondiale entre aujourd’hui et 2050, selon Bloomberg New Energy Finance. C’est 12 billions de dollars en nouveaux investissements.

Le Canada regorge de ressources solaires et éoliennes de grande qualité encore inexploitées : il devrait donc tâcher de se rendre attrayant pour ces investisseurs.

Chaque ajout de 100 MW de capacité éolienne signifie environ 180 millions de dollars d’investissement, et chaque ajout de 100 MW de capacité solaire, 112 millions de dollars. Les collectivités locales en retirent des bénéfices substantiels durant tout le cycle de vie du projet.

Création d’emplois

Les nouveaux investissements dans les énergies éolienne et solaire et le stockage d’énergie sont susceptibles de créer de nombreux emplois au pays.

Cette retombée est déjà manifeste à l’étranger. Selon l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), les secteurs de l’éolien et du solaire photovoltaïque employaient environ 5 millions de personnes en 2019, comparativement à un peu plus de 2 millions en 2012. La croissance de ces secteurs est rapide, et elle s’accélère fortement partout dans le monde.

Il y a possibilité de création d’emplois à toutes les phases du cycle de vie des projets solaires, éoliens et de stockage (développement, construction, opération et mise hors service et démantèlement). C’est sans compter les nombreux emplois associés à la fabrication de ces technologies et de leurs principaux composants.

En fait, étant donné le développement rapide prévu des secteurs de l’éolien et du solaire, le potentiel de création d’emplois est énorme. Il s’est même déjà confirmé aux États-Unis, où les professions de technicien en éoliennes et de technicien en solaire sont celles qui affichent la plus forte croissance.

Retombées pour les particuliers et les collectivités

Les nouveaux projets solaires et éoliens commerciaux génèrent des revenus de location pour les propriétaires fonciers et des recettes fiscales pour les collectivités d’accueil, en plus de diverses autres retombées qui répondent aux besoins prioritaires locaux, selon les ententes conclues avec les promoteurs.

Par exemple, une étude de la chaîne d’approvisionnement de l’Alberta a montré que 100 MW de capacité éolienne représentent environ 1 million de dollars par année en impôt foncier pour la collectivité d’accueil et environ 500 000 dollars en redevances aux propriétaires fonciers.

Il s’agit là de retombées économiques importantes pour les collectivités rurales qui hébergent des projets éoliens et solaires commerciaux. Beaucoup de ces collectivités ont une base industrielle limitée; les recettes de ces projets d’énergie renouvelable améliorent la stabilité de leur économie, qui repose souvent sur les recettes variables d’activités telles que l’agriculture, la foresterie et la pêche.

Par ailleurs, les propriétaires résidentiels, les entreprises et les organismes communautaires peuvent profiter de retombées économiques directes en installant des panneaux solaires sur leurs toits : réduction de la facture énergétique et augmentation de la valeur du bâtiment.

Retombées pour les communautés autochtones

Les communautés autochtones de tout le Canada cherchent de plus en plus à tirer parti des projets éoliens et solaires. Les promoteurs, de même que les gouvernements avec leurs politiques, répondent à l’appel.

Selon Indigenous Clean Energy, 197 des projets d’énergie renouvelable de taille moyenne à grande au Canada (plus du tiers étant solaires ou éoliens) appartiennent en tout ou en partie à des peuples autochtones et bénéficient de leur participation. À cela s’ajoutent quelque 2 000 petits réseaux d’énergie renouvelable exploités sous la direction d’Autochtones ou en partenariat avec eux. Et ces nombres sont voués à croître fortement dans les prochaines années.

Rôle du stockage

Le stockage d’énergie est à un stade de déploiement plus précoce que l’éolien et le solaire au Canada, mais il promet déjà d’importantes retombées économiques.

En effet, véritable couteau suisse de la transition énergétique, le stockage peut rendre de multiples services. En permettant une utilisation plus efficace des ressources fiables et abordables que sont le vent et la lumière du soleil, il améliore la fiabilité du réseau, réduit les pannes coûteuses et retranche les coûts associés au réseau.

Un grand nombre d’entreprises et de services publics d’énergie renouvelable l’intègrent déjà à leurs activités de planification et de développement, et cela devrait s’accélérer à mesure que le coût de la technologie continue de chuter.

Retours du renouvelable

Le Canada doit grandement augmenter le développement de l’énergie éolienne, de l’énergie solaire et du stockage d’énergie s’il veut avoir une chance de devenir carboneutre d’ici 2050. Il est tout aussi essentiel que les Canadiens, et leurs collectivités, profitent des retombées économiques importantes et concrètes associées au développement maximal de ces technologies d’énergie renouvelable – des retombées qui feront boule de neige sur des générations.

Dans mon prochain article sur la vision de l’Association, j’expliquerai pourquoi les énergies éolienne et solaire et le stockage d’énergie jouent un rôle décisif dans la lutte contre les changements climatiques.

Pour obtenir plus de données sur l’énergie solaire, l’énergie éolienne et le stockage d’énergie au Canada, rendez-vous sur notre page En chiffres.   

Sur les toits : le rôle du solaire pour la carboneutralité

Nous ne pourrons pas atteindre la carboneutralité en misant seulement sur l’efficacité énergétique : le Canada a besoin de beaucoup plus d’électricité renouvelable. Il est donc temps de mettre à profit l’immense potentiel inexploité sur les toits des maisons et des entreprises, tout en veillant à rendre les bâtiments plus écoénergétiques.

Système photovoltaïque de 6 kW sur le toit d’une maison de Lethbridge, en Alberta. (Photo : Solar Optix Energy Services)

Dans son nouveau plan climatique publié en décembre 2020, le gouvernement du Canada présente une série de mesures pour dépasser la cible actuelle de diminution des émissions de gaz à effet de serre fixée selon l’Accord de Paris, soit une réduction de 30 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2030.

Ce plan vise indéniablement à favoriser l’efficacité énergétique : le gouvernement promet 2,6 milliards de dollars pour aider les propriétaires à rendre leurs maisons plus écoénergétiques.

Il est essentiel que les propriétaires puissent aussi utiliser ces fonds pour investir dans des toits solaires, car si les mesures de réduction de la consommation d’énergie sont indispensables, elles ne sont pas suffisantes.

Le plan fédéral indique que d’ici 2050, le Canada devra produire jusqu’à trois fois plus d’électricité non émettrice qu’aujourd’hui, simplement pour répondre à la demande accrue découlant de l’électrification propre des transports, du chauffage et de l’industrie.

Les investissements majeurs dans les bâtiments existants doivent viser à la fois l’efficacité énergétique et l’autoapprovisionnement en énergie. Ces deux objectifs sont complémentaires et ne sauraient être dissociés, ce à quoi des provinces comme l’Alberta et la Nouvelle-Écosse ont porté attention dans leurs programmes d’efficacité énergétique.

L’installation de toits solaires est l’une des mesures les plus simples et directes vers la carboneutralité; une mesure véritablement « sans regrets ».

Les détracteurs diront que les panneaux solaires ne fonctionnent pas lorsqu’il fait noir, et ils ont raison. Mais ces panneaux peuvent fournir de l’énergie aux ménages canadiens quand ils en ont vraiment besoin : pendant la journée, là où ils en utilisent le plus. Par ailleurs, les technologies de stockage viennent pallier cette lacune en assurant l’approvisionnement durant les périodes non ensoleillées.

En un an, un système photovoltaïque résidentiel de 6 kW produit au moins 6 000 kWh d’électricité. C’est assez pour parcourir 15 000 km en véhicule électrique et fournir toute l’eau chaude nécessaire à un ménage chaque année, et il reste encore beaucoup d’électricité pour d’autres usages domestiques.

Utiliser l’énergie solaire pour ces besoins, plutôt que les combustibles fossiles, éviterait environ quatre tonnes d’émissions de CO2 par année, ce qui correspond à une réduction de 40 % des émissions de CO2 d’un ménage moyen.

Bien sûr, tous les toits ne conviennent pas à la production d’énergie solaire. Certains pointent vers le nord et d’autres sont à l’ombre de grands arbres ou de bâtiments voisins. Mais aucune raison pratique n’empêche de décupler le nombre actuel de toits solaires au Canada.

Ces toits, il y en a environ 40 000 aujourd’hui au pays. Or, l’Australie* en compte 2,5 millions, les États-Unis*, bien plus de 2 millions, et l’Allemagne* ainsi que le Royaume-Uni* – où il ne pleut jamais – bien plus de 1 million.

Le Canada fait piètre figure face à de nombreux pays semblables dans le déploiement des toits solaires. La bonne nouvelle, c’est que nous pouvons dès maintenant tirer parti de la baisse incroyable du coût de la technologie ainsi que des améliorations constantes de sa durabilité et de ses performances.

En effet, le coût des panneaux solaires a chuté de 90 % depuis 2010. Ils sont aussi plus durables. Un toit solaire acquis aujourd’hui produira de l’électricité propre pendant au moins 30 ans sans faillir et presque sans entretien.

Il est d’ailleurs très rapide d’en installer un, avec ou sans système de stockage à batterie. Deux mois, c’est souvent tout ce qu’il faut pour passer de l’idée à la mise en service complète, grâce à une conception simple et efficace et à un processus de délivrance de permis sans tracas.

Nous l’avons dit, il est crucial d’améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments pour parvenir à la carboneutralité, mais il faut aller au-delà d’une utilisation repensée des combustibles fossiles. Nos bâtiments doivent aussi produire et consommer plus d’électricité propre pour remplacer ces combustibles.

Les décideurs politiques devraient saisir les nouvelles occasions de modernisation des bâtiments pour réellement transformer notre paradigme de production et de consommation d’énergie et ainsi réaliser l’ambitieux plan climatique du Canada. Fournir à un plus grand nombre de Canadiens les ressources pour installer des toits solaires serait un bon début.

Cliquez ici pour lire le communiqué de l’Association canadienne de l’énergie renouvelable sur le plan climatique fédéral.

* Non disponible en français

Joignez-vous à nous pour développer les énergies renouvelables et le stockage d’énergie au Canada

Assurez-vous que votre entreprise sera bien positionnée « lorsque la digue cédera ».

Il y a 20 ans, le jeune batteur que j’étais aimait particulièrement la chanson When the Levee Breaks de Led Zeppelin, qu’on peut traduire par « lorsque la digue cédera ». Je ne suis peut-être plus au sommet de ma gloire, mais je la joue encore aujourd’hui avec mon nouveau groupe et elle résonne en moi d’une tout autre manière.

À titre de nouveau vice-président, Développement des affaires, finances et opérations de l’Association canadienne de l’énergie renouvelable (l’Association), je considère aujourd’hui ce classique de Led Zep comme une belle métaphore du travail constant que nous faisons pour éliminer les obstacles politiques, réglementaires et commerciaux qui empêchent l’énergie renouvelable d’atteindre son plein potentiel au Canada. À chacune de nos percées, un flot de possibilités jaillit, permettant au marché de croître.

L’Association est un peu comme un nouveau supergroupe, issu de la fusion entre l’Association canadienne de l’énergie éolienne (CanWEA) et l’Association des industries solaires du Canada (CanSIA) le 1er juillet 2020. Ensemble, nous soutenons désormais d’une seule voix forte le déploiement et l’exploitation responsable de l’énergie éolienne, de l’énergie solaire et du stockage d’énergie qui façonnent l’avenir énergétique du Canada.

Si vous connaissez la chanson, vous savez déjà combien le potentiel du Canada à cet égard est immense, surtout considérant son abondance de ressources naturelles renouvelables d’un océan à l’autre.

Sur la partition mondiale, de nouvelles harmonies se créent déjà : selon l’Agence internationale de l’énergie, en 2020, les sources renouvelables représenteront près de 90 % de l’augmentation de la capacité de production électrique mondiale. Et d’ici 2050, encore plus de croissance est à prévoir dans le monde, comme l’a expliqué notre président et chef de la direction  dans son billet du mois de novembre intitulé L’abordabilité du futur réseau électrique du Canada passe par le développement massif des énergies éolienne et solaire.

Quel est le moteur de toute cette croissance? C’est en partie le fait que les énergies solaire et éolienne sont maintenant les sources de production d’électricité mise en service les moins coûteuses, et qu’à plusieurs endroits, le stockage d’énergie est en voie de devenir économique rapidement.

S’ajoute à ces facteurs la demande des consommateurs – des propriétaires résidentiels aux grandes entreprises comme Apple et Amazon – pour de l’énergie propre de sources renouvelables telles que le soleil et le vent.

On le voit, des forces considérables s’accumulent dans le monde, incitant à élargir le marché de l’énergie renouvelable.

Au Canada, toutefois, une digue retient le plein développement de ces technologies. De nombreux obstacles se dressent dans les politiques, les règlements et le marché, rendant difficile, voire impossible pour les consommateurs d’électricité d’acheter de l’énergie renouvelable ou de construire leurs propres installations d’énergie solaire, d’énergie éolienne ou de stockage d’énergie.

C’est là où l’Association entre en scène.

L’Association a pour mission de promouvoir les industries des énergies éolienne et solaire et du stockage d’énergie. Elle est formée d’entreprises actives dans ces secteurs ou intéressées à offrir des produits ou des services aux entreprises participantes qui se multiplient.

Nous travaillons sans relâche pour assurer une place centrale à nos technologies dans l’évolution du bouquet énergétique canadien. Nous visons la croissance du marché pour nos technologies et voulons mieux faire comprendre aux groupes d’intérêt ces solutions propres, abordables, fiables, flexibles et évolutives qui peuvent répondre aux besoins énergétiques du Canada.

L’Association continue de chaque jour de battre le tambour pour que les industries soient entendues.

Nous faisons vibrer une corde sensible? Allez lire les avantages que procure l’adhésion. Nos membres ont plusieurs possibilités :

  • de se tenir au courant de l’évolution du marché et des dernières nouvelles de l’industrie;
  • de mener et de façonner le développement de positionnements pour amplifier la voix de notre industrie;
  • d’appartenir à un réseau où il est possible d’échanger et de faire connaître son entreprise.

Joignez-vous à l’Association dès aujourd’hui! Ainsi, chaque fois que la « digue cédera », votre entreprise sera bien placée pour profiter de l’expansion du marché de l’énergie éolienne, de l’énergie solaire et du stockage d’énergie du Canada.

L’abordabilité du futur réseau électrique du Canada passe par le développement massif des énergies éolienne et solaire

L’énergie éolienne, l’énergie solaire et le stockage d’énergie occuperont une place centrale dans l’évolution du bouquet énergétique canadien. La principale raison? L’abordabilité.

C’est un fait : les énergies éolienne et solaire connaissent une croissance importante au Canada et à l’international.

En effet, dans le New Energy Outlook 2020, Bloomberg New Energy Finance (BNEF)* prévoit que le recours aux énergies éolienne et solaire dans la réponse à la demande mondiale en électricité passera de 9 % actuellement à la proportion impressionnante de 56 % d’ici 2050. Cette prévision concorde avec celle de DNV GL dans Energy Transition Outlook 2020*, soit que d’ici 2050, les énergies éolienne et solaire combleront 62 % de la demande mondiale en électricité.

Fait surprenant, selon ces études, le principal facteur de cette croissance colossale est avant tout économique, bien avant la capacité de lutte contre les changements climatiques.

Si les énergies éolienne et solaire deviennent les sources de premier choix pour la production d’électricité mise en service à l’échelle mondiale, c’est parce qu’il s’agit des moins coûteuses. Il nous faudra donc leur accorder une part bien plus grande du bouquet énergétique pour que nos tarifs d’électricité demeurent bas.

Selon le rapport Levelized Cost of Energy Analysis 2020 de Lazard*, le coût de l’énergie solaire a chuté de 90 % depuis 2009, et celui de l’énergie éolienne, de 71 %. Aux États-Unis, le coût moyen actualisé de ces deux types d’énergie est maintenant plus bas que celui de toute autre source de production d’électricité mise en service.

Il en va de même à bien des endroits dans le monde. Selon BNEF, c’est maintenant l’une ou l’autre de ces sources qui est la moins coûteuse dans les pays qui comptent pour les trois quarts de l’économie mondiale. Dans le World Energy Outlook 2020, l’Agence internationale de l’énergie* qualifie l’énergie solaire de « nouvelle reine de l’approvisionnement en électricité » et explique qu’il s’agit de la source la plus abordable à ce jour.

Au Canada aussi, les projets éoliens et solaires sont compétitifs par rapport aux autres sources de production d’électricité mise en service. Par exemple, des contrats d’énergie éolienne à des tarifs inférieurs à 40 $/MWh ont été signés en Alberta* et en Saskatchewan*, et des contrats d’énergie solaire ont été conclus en Alberta à des tarifs de 48 $/MWh en moyenne*.

Ces montants, déjà peu élevés, devraient diminuer encore grâce à l’évolution constante de la technologie. BNEF prévoit que dès le milieu des années 2020, l’électricité des nouvelles installations éoliennes et solaires sera moins chère que celle des centrales au charbon et au gaz naturel.

Certains diront que ces coûts sont sous-estimés, car ils ne tiennent pas compte du fait qu’en raison de la variabilité de ces sources d’énergie, il faut les combiner à diverses technologies pour arriver à un haut taux de pénétration dans le réseau électrique. Cependant, la ressource hydroélectrique, dont le Canada dispose en abondance, est un excellent atout peu coûteux pour faciliter l’intégration des énergies éolienne et solaire à bien des endroits du pays.

Au même moment, BNEF, DNV GL et Lazard rapportent l’importante baisse de coûts de plusieurs technologies de stockage d’énergie. BNEF révèle par exemple que le coût des batteries au lithium-ion a chuté de près de 90 % dans la dernière décennie. De son côté, DNV GL prévoit que ce coût diminuera encore des deux tiers d’ici 2030.

Dans un prochain billet, nous creuserons davantage les façons les plus rentables d’assurer la fiabilité d’un réseau composé en grande partie de sources éoliennes et solaires. Pour le moment, il n’en reste pas moins évident que les énergies éolienne et solaire à faible coût d’aujourd’hui, combinées aux ressources actuelles en hydroélectricité et aux technologies de stockage de plus en plus abordables, constituent l’option la plus économique et la meilleure voie possible pour l’avenir du réseau électrique du Canada.

Pour plus de données sur l’énergie solaire, l’énergie éolienne et le stockage d’énergie au Canada, rendez-vous sur notre page En chiffres.  

* En anglais seulement

Un momentum favorable aux investissements au Québec

Si le Québec a fait preuve de leadership dans le déploiement et le développement d’une industrie des énergies renouvelables depuis le début des années 2000, le rythme a quelque peu diminué depuis le dernier appel d’offres en énergie éolienne, conclu en 2014. Avec la mise en service des différentes phases du complexe hydroélectrique de La Romaine et de quelque 4000 MW d’énergie éolienne, au moment où la demande en électricité stagnait et que des gains de 10 TWh étaient réalisés en efficacité énergétique, de nouveaux projets en énergie renouvelable, aussi novateurs et porteurs pour l’économie soient-ils, étaient soudainement plus difficiles à justifier.

Mais cette situation évolue. Rapidement, par surcroît. Les efforts pour promouvoir l’électricité verte du Québec comme un avantage économique portent fruit. Ceux-ci devraient être accélérés par la parution prochaine du Plan pour l’économie verte du Québec. L’électricité du Québec devient un atout pour attirer des industries. Pour électrifier des secteurs économiques. Et cela se répercute dans la planification du réseau électrique québécois.

À l’automne 2019, Hydro-Québec Distribution publiait une nouvelle mouture de son Plan d’approvisionnement, contenant des prévisions jusqu’à 2029. Pour la première fois depuis plusieurs années, nous pouvions y remarquer que la société d’État prévoit un déficit en énergie à partir de 2026, appelé à s’accroître jusqu’à 2029.

Bien sûr, depuis l’automne dernier, le paysage a été bouleversé par l’apparition de la pandémie à laquelle nous devons tous faire face et qui a des impacts sur la demande en électricité au Québec. Hydro-Québec prévoit toutefois que ces impacts ne se répercuteront pas à moyen et à long termes. En d’autres mots, Hydro-Québec prévoit que l’électricité verte du Québec sera une denrée toute aussi recherchée et populaire une fois que l’économie aura repris son erre d’aller.

C’est sans doute ce qui a poussé Hydro-Québec à mener au cours des derniers mois une consultation du secteur de la production de l’électricité à laquelle l’Association canadienne de l’énergie renouvelable et plusieurs de ses membres ont été des participants actifs. De nombreux intervenants y ont soulevé à quel point l’énergie éolienne est la solution la plus abordable qui s’offre en termes de nouveaux approvisionnements alors que l’énergie solaire et le stockage d’énergie voient aussi leurs coûts diminuer de façon importante et peuvent constituer des solutions plus qu’intéressantes pour le réseau québécois.

La nouvelle présidente-directrice générale d’Hydro-Québec, Mme Sophie Brochu, a d’ailleurs très bien résumé la situation au cours de l’été lors d’une intervention à l’Assemblée nationale. Les barrages du Québec ne débordent pas, ils permettent d’accumuler un potentiel latent, qui trouve des acheteurs. Hydro-Québec vend déjà d’importantes quantités d’électricité à ses voisins et pourra jouer un rôle encore plus important dans la décarbonation des réseaux d’électricité de l’État de New York, de ceux de la Nouvelle-Angleterre, des provinces atlantiques et même de l’Ontario.

La production hydroélectrique québécoise devient ainsi une immense batterie qui facilite le remplacement de la production fossile dans les réseaux voisins et l’électrification de l’économie et le déploiement de nouveaux projets d’énergie renouvelable au Québec.

Le défi sera dès lors de trouver la façon la plus efficiente de répondre aux nouveaux besoins du Québec et à ses objectifs dans le Nord-Est du continent. La production indépendante d’énergie renouvelable est ainsi très bien positionnée. Elle peut prolonger la durée de vie de ses actifs en opération tout en présentant des solutions innovantes à coût compétitif, au bénéfice des clients québécois, des communautés d’accueil des projets et des grands acheteurs d’électricité de l’extérieur de la province.

Ce développement sera inédit dans le sens où il ne devrait pas garantir de quantités d’énergie à une technologie plus qu’à une autre. Il favorisera les partenariats : entre technologies (éolien, solaire, stockage, hydroélectricité et l’hydrogène), entre producteurs, avec les divisions Distribution et Production d’Hydro-Québec. Ce sera un monde qui ne ressemblera sans doute pas à ce que l’industrie a connu dans le passé. Il imposera une capacité d’adaptation et d’innovation sans précédent. Mais une chose est certaine : les opportunités seront au rendez-vous très prochainement, à condition de commencer à se préparer dès maintenant.

Informez-vous sur l’Association canadienne de l’énergie renouvelable, et écrivez à membres@associationrenouvelable.ca si vous aimeriez vous joindre au caucus du Québec.   

Énergies éolienne et solaire : une croissance rapide appelée à s’accélérer

Grâce à l’intégration du stockage d’énergie, les plus grandes sources de production d’électricité mise en service du Canada se développeront considérablement, des plus petits aux plus gros projets.

Des sources d’énergie rapidement devenues incontournables

En misant sur leurs synergies (et sur l’intégration croissante du stockage d’énergie), les industries éolienne et solaire du Canada consolideront le rôle central qu’elles joueront pour combler les besoins futurs du Canada en matière de production d’électricité et de gestion du réseau. Chacune de ces industries suit toutefois sa propre trajectoire de croissance, et il y a lieu de se pencher sur leur transition rapide de marché de niche à source d’énergie répandue.

En 1999, le Canada comptait environ 100 MW de puissance éolienne commerciale, répartis entre de petites collectivités du Yukon, de l’Alberta, de l’Ontario et du Québec. Les administrations et les promoteurs concernés ont été les premiers à tirer parti du potentiel moderne des ressources éoliennes locales.

Les premiers projets solaires à grande échelle ont vu le jour en Ontario à la fin des années 2000; ils ont préparé le terrain pour toute une chaîne d’approvisionnement derrière cette nouvelle industrie propre et dynamisante pour les collectivités. À petite échelle, on a vu se joindre aux quelques acteurs qui avaient adopté l’énergie solaire depuis des décennies un nombre croissant de « prosommateurs » urbains et ruraux installant des panneaux solaires par souci de fiabilité, d’économie et d’écologie.

En moins de 20 ans, la production éolienne et solaire du Canada est passée de quelques centaines de mégawatts à plus de 16 000 MW. Certains parcs éoliens ont atteint une puissance de 300 MW, et certaines installations solaires ont franchi le cap des 100 MW. Des milliers de propriétaires se sont également mis à produire de l’énergie solaire propre et renouvelable à petite échelle, sur la toiture de leur demeure ou sur leur propriété foncière.

Cependant, malgré la croissance, l’envergure et la diversité d’applications d’une industrie de l’énergie renouvelable toujours plus intégrée, cette dernière recèle encore un énorme potentiel à exploiter pour le Canada.

Bilan actuel au Canada

En 2018, la production éolienne et solaire a permis de combler environ 6,2 % des besoins en électricité du Canada, une hausse par rapport à la contribution négligeable il y a 20 ans. Puisque la production au charbon et à partir d’autres combustibles fossiles est délaissée à un rythme accéléré – et que l’éolien et le solaire représentent 68 % de la nouvelle puissance installée au Canada entre 2009 et 2018 –, la part de la demande comblée par ces industries devrait augmenter considérablement au cours des prochaines années.

D’ailleurs, le coût est un facteur de croissance clé. De récentes rondes d’approvisionnement en Alberta et en Saskatchewan ont prouvé que l’énergie éolienne est la plus économique des filières de production d’électricité mise en service au Canada. Fort de 13 413 MW de puissance éolienne installée à ce jour, le Canada occupe actuellement le 9e rang au classement des pays producteurs d’énergie éolienne.

Les projets solaires à grande échelle explorent aussi de nouvelles avenues abordables; le coût du solaire devrait être du même ordre que celui de l’éolien bien avant la fin des années 2020. Le Canada se classe parmi les vingt plus grands pays producteurs d’énergie solaire, lui qui compte environ 3 000 MW de puissance installée répartie entre plus de 44 000 sites de toutes tailles partout au pays.

L’intérêt grandissant des entreprises et des consommateurs pour ces technologies est un autre puissant moteur de croissance. L’engagement d’entreprises comme RBC et Telus Communications Inc. à s’approvisionner en énergies éolienne et solaire stimule les investissements. Le Business Renewables Centre Canada, pour sa part, s’est donné comme objectif d’aider les entreprises et les organisations à acheter 2 GW d’énergie renouvelable d’ici 2025.

Par ailleurs, le stockage d’énergie s’impose progressivement comme une méthode essentielle pour intégrer l’éolien et le solaire aux réseaux électriques. On compte actuellement plus de 30 projets de stockage rechargeable au Canada, dont la capacité combinée est de 78 MW; ceux-ci fournissent les services nécessaires à l’utilisation efficace de l’énergie renouvelable produite.

La variété des technologies de stockage déployées est remarquable, et les vastes efforts de recherche et de développement se poursuivent. En plus des batteries et du stockage d’eau, le Canada exploite déjà les accumulateurs cinétiques, le stockage chimique, le stockage par air comprimé, le stockage d’hydrogène et le stockage d’énergie thermique. Conjuguées à une puissance électronique avancée, ces technologies contribuent à créer un réseau intelligent qui peut tirer pleinement parti de ce potentiel encore inexploité.

Un nouvel horizon de possibilités

De plus en plus de centrales « hybrides » sont en développement au Canada et partout dans le monde; certaines combinent à la fois l’éolien, le solaire et le stockage d’énergie.

Les approches intégrées et adaptées sont mieux à même de répondre aux besoins locaux d’énergie et de fiabilité, et sont souvent synonymes de retombées économiques et d’autres avantages pour les collectivités. En raison de leurs caractéristiques techniques, ces systèmes à onduleur sont des solutions tout indiquées aux défis associés à l’électrification, à l’évolution des habitudes de consommation et aux besoins de flexibilité du réseau.

Ces technologies complémentaires renforcent la flexibilité et la résilience du réseau tout en facilitant le remplacement des sources d’électricité émettrices de carbone et gourmandes en ressources. Et il s’agit là des éléments clés de toute stratégie crédible d’électrification et de lutte contre les changements climatiques.

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Le Canada et le monde entier sont à un tournant de l’histoire; ils font face à des défis économiques et à des contraintes climatiques sans précédent. Les données indiquent que l’éolien, le solaire et le stockage d’énergie sont maintenant des options répandues et en plein essor offrant des solutions collaboratives performantes, évolutives et très abordables. Ces technologies joueront un rôle de premier plan dans notre réponse aux défis actuels.

L’Association canadienne de l’énergie renouvelable représente plus de 300 entreprises faisant la promotion de l’éolien, du solaire et du stockage d’énergie au Canada. Adhérez-y dès aujourd’hui : https://renewablesassociation.ca/fr/adhesion/.

La reprise économique pourrait contribuer à l’avenir carboneutre du Canada

Les investissements visant à stimuler l’économie dans le contexte de la COVID‑19 doivent appuyer la croissance des énergies éolienne et solaire et du stockage d’énergie.

Le Canada réalise des progrès constants dans l’atténuation des effets dévastateurs de la COVID‑19 sur la santé des Canadiens et l’économie. Même s’il reste encore beaucoup de travail à faire, l’attention du public se tourne vers une autre question : comment les gouvernements peuvent-ils stimuler au maximum la reprise économique? En raison de l’ampleur des investissements requis, il s’agit d’une occasion unique de « rebâtir en mieux », c’est-à-dire de faire en sorte que les nouvelles activités économiques contribuent également à régler d’autres défis importants.

Et il n’y a, pour le Canada, pas de défis plus grands que la lutte contre les changements climatiques.

À la lumière des données climatologiques, le Canada s’est engagé à atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Si les avenues en ce sens sont nombreuses, les modélisations et les analyses pointent invariablement vers trois éléments clés :

  • Le Canada doit se doter d’un réseau électrique qui n’émet pratiquement pas de gaz à effet de serre.
  • Le Canada doit augmenter considérablement (doubler) sa production d’électricité et utiliser cette électricité pour remplacer les autres sources d’énergie utilisées dans les transports, les bâtiments et les industries.
  • Le Canada doit augmenter considérablement sa production d’énergies éolienne et solaire, de même que sa capacité de stockage.

Malheureusement, le Canada n’est pas en voie d’atteindre son objectif de carboneutralité. En effet, dans son récent rapport Offre et demande énergétiques à l’horizon 2040, la Régie de l’énergie du Canada estime que la part de production d’électricité sans émissions polluantes au Canada passera de 81 % aujourd’hui à 83 % seulement à l’horizon 2040. Selon les prévisions, la production d’électricité n’augmentera que de 14 %, et même si la production d’énergies éolienne et solaire devrait doubler durant cette période, le gaz naturel, source de gaz à effet de serre, devrait être la principale filière de production d’électricité mise en service.

Les stratégies de relance du gouvernement en réponse à la crise de la COVID‑19 pourraient non seulement créer des emplois largement dispersés et de grande qualité, mais aussi amener le pays à atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Pour ce faire, ces stratégies doivent favoriser les éléments suivants :

  • Les travaux demandant une importante main-d’œuvre, comme l’installation de systèmes de production d’énergie solaire et de stockage résidentiels, commerciaux et institutionnels dans tout le Canada.
  • La construction de grandes infrastructures comme des lignes de transmission et des systèmes de stockage, lesquels amélioreront l’intégration et l’utilisation des énergies éolienne et solaire.
  • L’électrification des transports et la production d’hydrogène vert au moyen des énergies éolienne et solaire, lesquelles pourraient ouvrir la porte à de nouvelles applications industrielles tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre des transports.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier que la relance économique ne passe pas seulement par de nouvelles dépenses : les gouvernements peuvent aussi éliminer les obstacles commerciaux et réglementaires aux investissements dans l’atteinte de la carboneutralité. En voici des exemples :

  • Créer des marchés de l’électricité et des processus d’approvisionnement transparents, justes et concurrentiels axés sur les sources d’électricité et les systèmes de stockage propres les moins coûteux.
  • Faire en sorte que les consommateurs puissent choisir leur source d’électricité, et favoriser l’indépendance énergétique.

Si le Canada veut atteindre la carboneutralité, il faut agir maintenant. Même si 2050 paraît encore loin, 30 ans, c’est très court dans le secteur de l’énergie. La plupart des installations de production construites aujourd’hui seront encore en service après 2040. La construction des grands projets d’infrastructure après leur autorisation, tels que les lignes de transmission, de même que l’obtention des permis nécessaires peuvent prendre des années. La transformation des marchés de l’électricité et de leurs cadres réglementaires est également un processus complexe et chronophage. La réussite souhaitée en 2050 repose sur les décisions prises aujourd’hui. Et les mauvaises décisions pourraient rendre la carboneutralité d’ici 2050 impossible à moins de délaisser des actifs et des investissements.

L’Association canadienne de l’énergie renouvelable a vu le jour le 1er juillet 2020. Elle appuie l’engagement du Canada à l’égard de la carboneutralité et travaille à l’avancement des énergies éolienne et solaire et du stockage d’énergie partout au pays, qu’il s’agisse d’installations de services publics ou d’applications commerciales et résidentielles.

Le Canada se classe déjà parmi les dix meneurs mondiaux pour sa puissance éolienne installée, et parmi les vingt pays ayant la plus grande puissance solaire installée. Dans la dernière décennie, l’énergie éolienne a été la principale filière de production d’électricité mise en service au Canada et est aussi devenue la moins coûteuse. Les coûts liés à l’énergie solaire chutent encore plus rapidement. Forte de ses vastes ressources inexploitées, le Canada peut en faire bien plus.

Les répercussions économiques de la crise de la COVID‑19 pourraient servir de catalyseur. La pandémie nous a forcés à repenser de nombreux volets de notre quotidien et de notre économie. La vie après la COVID‑19 ne sera plus la même, mais elle pourrait être mieux de bien des façons. Pour prendre les changements climatiques et l’objectif de carboneutralité au sérieux, il faut réévaluer l’avenir du réseau électrique et « rebâtir en mieux ».

Il est encore possible de façonner l’avenir souhaité, mais seulement si l’on agit aujourd’hui.

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