Nous ne pourrons pas atteindre la carboneutralité en misant seulement sur l’efficacité énergétique : le Canada a besoin de beaucoup plus d’électricité renouvelable. Il est donc temps de mettre à profit l’immense potentiel inexploité sur les toits des maisons et des entreprises, tout en veillant à rendre les bâtiments plus écoénergétiques.
Dans son nouveau plan climatique publié en décembre 2020, le gouvernement du Canada présente une série de mesures pour dépasser la cible actuelle de diminution des émissions de gaz à effet de serre fixée selon l’Accord de Paris, soit une réduction de 30 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2030.
Ce plan vise indéniablement à favoriser l’efficacité énergétique : le gouvernement promet 2,6 milliards de dollars pour aider les propriétaires à rendre leurs maisons plus écoénergétiques.
Il est essentiel que les propriétaires puissent aussi utiliser ces fonds pour investir dans des toits solaires, car si les mesures de réduction de la consommation d’énergie sont indispensables, elles ne sont pas suffisantes.
Le plan fédéral indique que d’ici 2050, le Canada devra produire jusqu’à trois fois plus d’électricité non émettrice qu’aujourd’hui, simplement pour répondre à la demande accrue découlant de l’électrification propre des transports, du chauffage et de l’industrie.
Les investissements majeurs dans les bâtiments existants doivent viser à la fois l’efficacité énergétique et l’autoapprovisionnement en énergie. Ces deux objectifs sont complémentaires et ne sauraient être dissociés, ce à quoi des provinces comme l’Alberta et la Nouvelle-Écosse ont porté attention dans leurs programmes d’efficacité énergétique.
L’installation de toits solaires est l’une des mesures les plus simples et directes vers la carboneutralité; une mesure véritablement « sans regrets ».
Les détracteurs diront que les panneaux solaires ne fonctionnent pas lorsqu’il fait noir, et ils ont raison. Mais ces panneaux peuvent fournir de l’énergie aux ménages canadiens quand ils en ont vraiment besoin : pendant la journée, là où ils en utilisent le plus. Par ailleurs, les technologies de stockage viennent pallier cette lacune en assurant l’approvisionnement durant les périodes non ensoleillées.
En un an, un système photovoltaïque résidentiel de 6 kW produit au moins 6 000 kWh d’électricité. C’est assez pour parcourir 15 000 km en véhicule électrique et fournir toute l’eau chaude nécessaire à un ménage chaque année, et il reste encore beaucoup d’électricité pour d’autres usages domestiques.
Utiliser l’énergie solaire pour ces besoins, plutôt que les combustibles fossiles, éviterait environ quatre tonnes d’émissions de CO2 par année, ce qui correspond à une réduction de 40 % des émissions de CO2 d’un ménage moyen.
Bien sûr, tous les toits ne conviennent pas à la production d’énergie solaire. Certains pointent vers le nord et d’autres sont à l’ombre de grands arbres ou de bâtiments voisins. Mais aucune raison pratique n’empêche de décupler le nombre actuel de toits solaires au Canada.
Ces toits, il y en a environ 40 000 aujourd’hui au pays. Or, l’Australie* en compte 2,5 millions, les États-Unis*, bien plus de 2 millions, et l’Allemagne* ainsi que le Royaume-Uni* – où il ne pleut jamais – bien plus de 1 million.
Le Canada fait piètre figure face à de nombreux pays semblables dans le déploiement des toits solaires. La bonne nouvelle, c’est que nous pouvons dès maintenant tirer parti de la baisse incroyable du coût de la technologie ainsi que des améliorations constantes de sa durabilité et de ses performances.
En effet, le coût des panneaux solaires a chuté de 90 % depuis 2010. Ils sont aussi plus durables. Un toit solaire acquis aujourd’hui produira de l’électricité propre pendant au moins 30 ans sans faillir et presque sans entretien.
Il est d’ailleurs très rapide d’en installer un, avec ou sans système de stockage à batterie. Deux mois, c’est souvent tout ce qu’il faut pour passer de l’idée à la mise en service complète, grâce à une conception simple et efficace et à un processus de délivrance de permis sans tracas.
Nous l’avons dit, il est crucial d’améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments pour parvenir à la carboneutralité, mais il faut aller au-delà d’une utilisation repensée des combustibles fossiles. Nos bâtiments doivent aussi produire et consommer plus d’électricité propre pour remplacer ces combustibles.
Les décideurs politiques devraient saisir les nouvelles occasions de modernisation des bâtiments pour réellement transformer notre paradigme de production et de consommation d’énergie et ainsi réaliser l’ambitieux plan climatique du Canada. Fournir à un plus grand nombre de Canadiens les ressources pour installer des toits solaires serait un bon début.
Cliquez ici pour lire le communiqué de l’Association canadienne de l’énergie renouvelable sur le plan climatique fédéral.
* Non disponible en français