Prendre en charge

Les consommateurs d’électricité veulent plus d’énergie renouvelable

Ensemble, l’énergie éolienne, l’énergie solaire et le stockage d’énergie seront le cœur de la transition énergétique du Canada. Et c’est notamment parce que les consommateurs d’électricité – sociétés, gouvernements, ménages et petites entreprises – s’intéressent de plus en plus à l’énergie renouvelable. Pourquoi? Parce que ce type d’énergie est synonyme à la fois de faibles coûts, de retombées environnementales considérables et d’une autonomie énergétique accrue.

Les sociétés : un nouveau catalyseur de la croissance de l’énergie renouvelable

De plus en plus de sociétés font de la réduction des émissions de gaz à effet de serre une priorité dans leurs stratégies en matière de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) et prennent des mesures pour utiliser de l’électricité provenant de sources non émettrices, comme l’éolien et le solaire.

Dans cette optique, les entreprises concluent avec des fournisseurs d’énergie renouvelable des contrats d’approvisionnement en électricité; il s’agit là d’ententes à long terme selon lesquelles des clients commerciaux ou industriels s’approvisionnent auprès de producteurs d’électricité renouvelable à un prix prédéterminé. Par « électricité renouvelable », on entend habituellement dans ce contexte à la fois l’attribut renouvelable (une compensation ou un crédit) et l’électricité en soi.

Si l’achat d’énergie renouvelable directement du réseau n’est pas possible, les sociétés peuvent se restreindre aux attributs renouvelables; elles aideront du coup à la production d’électricité renouvelable ailleurs.

En 2015, les contrats d’approvisionnement en électricité d’entreprises ont contribué au déploiement de 4,7 GW d’énergie renouvelable supplémentaire dans le monde. En 2020, ce chiffre atteignait 23,7 GW, soit plus que la totalité de la puissance éolienne et solaire installée au Canada. Mondialement, plus de 300 grandes entreprises se sont regroupées sous le collectif RE100* pour faire état de leur volonté de n’utiliser que de l’électricité renouvelable. Selon Bloomberg New Energy Finance*, les membres de RE100 devront acheter 93 GW d’énergie renouvelable en 2030 seulement pour respecter leur engagement actuel.

Une tendance bien visible au Canada, mais à plus petite échelle

Sur le marché déréglementé de l’électricité de l’Alberta, 2021 a déjà connu une vague de nouveaux contrats d’approvisionnement en électricité de sociétés comme Amazon, Budweiser, TD et Bimbo, qui vont stimuler l’installation de 769 MW de nouvelle puissance éolienne et solaire.

Les marchés réglementés répondent aussi à la demande grandissante des sociétés pour l’énergie renouvelable. Le récent programme Green Choice de la Nouvelle-Écosse, par exemple, permettra au gouvernement, aux entreprises et aux institutions de s’approvisionner en énergies éolienne et solaire auprès de nouvelles sources.

De fait, de plus en plus de services publics proposent désormais des options renouvelables à leurs clients dans différentes régions du pays.

En plus des sociétés, un nombre grandissant d’administrations municipales, provinciales et fédérales cherchent aussi à conclure des contrats d’approvisionnement en énergie renouvelable. La Ville d’Edmonton veut par exemple signer un tel accord pour combler ses besoins en électricité avec les énergies éolienne et solaire.

Un grand potentiel de croissance dans les ressources d’énergie distribuées

Les ressources d’énergie distribuées (RED) devraient donner aux ménages et aux petites entreprises de nouvelles occasions de demander la production sur place de l’énergie renouvelable. Ces consommateurs ont d’ailleurs déjà engendré le déploiement à venir de 190 MW d’énergie photovoltaïque à facturation nette au Canada. Dans l’optique de stimuler encore plus cette demande, les gouvernements de l’Alberta, de la Nouvelle-Écosse et du Canada ont tous récemment débloqué du financement en soutien au déploiement de systèmes de panneaux solaires à l’arrière du compteur électrique.

Si les RED intéressent les consommateurs pour les avantages financiers et environnementaux qui en découlent, elles peuvent aussi leur permettre de devenir des producteurs-consommateurs : en produisant l’énergie qu’ils consomment, ils ont le contrôle sur la façon dont ils alimentent leur domicile et leurs outils technologies, notamment leurs véhicules électriques. Cela signifie également pour eux une autonomie et une sécurité énergétiques renforcées.

Les gouvernements et les services publics examinent eux aussi le potentiel des RED au service du réseau. Les technologies de RED, comme les systèmes de panneaux solaires sur toit, les thermopompes ainsi que les bornes de recharge et les batteries de véhicules électriques, peuvent être regroupées en centrales électriques virtuelles capables de fournir des services précieux d’équilibrage du réseau, en plus de répondre aux besoins des consommateurs sur place. C’est sans compter qu’elles peuvent réduire la nécessité de nouvelles infrastructures de transport et de production d’électricité, et par le fait même, le coût du réseau en entier.

Si le Canada a peu exploité ces ressources, leur contribution au réseau électrique est nettement plus grande dans d’autres marchés, comme ceux des États-Unis, de l’Europe et de l’Australie.

L’intérêt des consommateurs pour les énergies éolienne et solaire se dessine comme un moteur important du déploiement de l’énergie renouvelable. Mais nous n’en sommes qu’aux débuts au Canada. L’inquiétude grandissante du public quant aux changements climatiques ainsi que les retombées environnementales et financières de ces technologies confirment toutefois que la demande des consommateurs pour celles-ci ne fera que s’accélérer.

La Vision de CanREA d’ici 2050

Cet article est le cinquième d’une série exposant la vision de CanREA dans laquelle j’explique pourquoi les énergies éoliennes et solaires et le stockage d’énergie seront au cœur de la transition énergétique du Canada pour cinq raisons clés :

  1. Parce que ces technologies représentent la trajectoire la plus abordable pour le réseau électrique;
  2. Parce qu’elles offrent de nombreuses retombées économiques intéressantes (création d’emplois stables bien rémunérés et investissement dans les communautés rurales);
  3. Parce qu’elles nous permettent également de lutter contre les changements climatiques, le plus important défi environnemental de notre époque;
  4. Parce qu’elles représentent des solutions fiables pour l’avenir énergétique du Canada;
  5. Parce qu’elles sont de plus en plus recherchées par les consommateurs. 

Lisez la série complète sur la Vision 2050 de CanREA ici.

Maintenons le cap!

Les énergies solaire et éolienne comme bases d’un réseau électrique fiable

Par Robert Hornung, président et chef de la direction, Association canadienne de l’énergie renouvelable

Ensemble, l’éolien, le solaire et le stockage d’énergie constituent des solutions fiables pour satisfaire les besoins énergétiques du Canada dans une économie carboneutre.

Tous savent que les énergies éolienne et solaire sont variables : le temps n’est pas toujours ensoleillé ou venteux.

Cependant, grâce aux technologies émergentes du secteur de l’électricité et aux nouvelles utilisations des technologies et des infrastructures existantes, bâtir un réseau électrique fiable fondé sur les énergies éolienne et solaire est manifestement possible.

Miser sur l’éolien et le solaire

Ce n’est pas de la science-fiction : il est déjà démontré que les énergies éolienne et solaire peuvent combler une portion considérable des besoins en électricité.

Actuellement, elles répondent à environ 6,8 % de la demande énergétique du Canada et,dans une plus grande proportion, elles répondent à 25 % de la demande à l’Île-du-Prince-Édouard et à 13 % en Nouvelle-Écosse).

Mais elles peuvent y contribuer encore plus.

Dans l’Union européenne, l’énergie éolienne comble déjà 16 % de la demande d’électricité. Cette proportion s’élève à plus de 20 % en Irlande, au Portugal, en Allemagne, en Espagne et au Royaume-Uni, et à près de 50 % au Danemark.

Parallèlement, l’énergie solaire répond maintenant à près de 10 % de la demande énergétique de certains pays.

En effet, Bloomberg New Energy Finance prévoit qu’en 2050, l’éolien et le solaire représenteront 56 % de la production mondiale d’électricité, atteignant des niveaux de pénétration de 70 à 80 % dans certains pays.

Mais étant donné la variabilité de la production éolienne et solaire, comment est-ce possible?

Généralement, la production d’énergie éolienne est plus élevée la nuit et l’hiver, et la production d’énergie solaire, l’été et le jour. Si cette complémentarité naturelle atténue la variabilité, les opérateurs de réseaux électriques, qui doivent équilibrer l’offre et la demande, ont besoin d’une plus grande certitude.

L’éolien et le solaire sont des énergies renouvelables abordables et carboneutres, mais leur croissance rapide augmente la variabilité dans le réseau.

Heureusement, les opérateurs disposent de plus en plus d’outils pour la gérer tout en tirant le maximum du solaire et de l’éolien.

Le stockage d’énergie : un outil en plein essor

Les technologies de stockage existantes sont nombreuses (batteries, volants d’inertie, pompage, air comprimé, hydrogène), mais elles ont une chose en commun : elles stockent l’énergie produite pour une utilisation ultérieure.

Récemment, les technologies de batterie ont suscité beaucoup d’intérêt. Elles sont rapidement mises en place et, au cours des dix dernières années, leur coût a chuté de 90 %.

Les batteries peuvent être utilisées seules ou dans le cadre de projets d’énergie renouvelable (ou projets hybrides). Elles peuvent répondre rapidement et avec précision aux directives des opérateurs de réseaux, ce qui en fait d’excellentes candidates pour renforcer la fiabilité du réseau, par exemple par le façonnement des énergies renouvelables, la gestion de la transmission et de la congestion, et le maintien de la tension.

Les batteries peuvent stocker de l’énergie pendant plusieurs heures, mais d’autres technologies émergentes, comme le stockage par air comprimé, offrent une capacité à plus long terme.

Les abondantes ressources hydroélectriques du Canada peuvent aussi stocker de l’énergie pendant de très longues périodes. Les réservoirs derrière les barrages emmagasinent l’énergie produite par les installations solaires et éoliennes, puis la libèrent au besoin. En effet, le Minnesota a recours aux ressources de Manitoba Hydro pour compenser la variabilité de sa production éolienne.

Interconnexion entre les réseaux

Les interconnexions entre les réseaux électriques sont un autre important outil de gestion de la variabilité : plus elles sont nombreuses, plus l’éventail d’options de gestion s’élargit.

De nombreuses études montrent que l’amélioration des interconnexions est un excellent investissement, qui s’avère aussi essentiel à l’accélération du déploiement des énergies renouvelables.

Mais les nouvelles méthodes de transmission ne sont pas tout…

L’émergence rapide des ressources d’énergie distribuées et la prévalence des technologies de réseaux intelligents donnent aussi de nouvelles options aux opérateurs de réseaux pour gérer la variabilité du côté de la demande.

Prenons l’énergie éolienne : comme la production atteint généralement son sommet la nuit, quand la consommation d’électricité est la moins élevée, on pourrait facilement utiliser cette énergie abordable en faisant augmenter la demande pendant cette période – par exemple en encourageant la recharge des véhicules électriques la nuit. Après tout, les batteries des véhicules électriques sont conçues expressément pour stocker l’énergie en vue d’une utilisation ultérieure.

Soulignons aussi que les nouvelles technologies solaires et éoliennes peuvent offrir de nombreux services de fiabilité sur le réseau, comme la réponse de fréquence rapide et la régulation de la puissance réactive. De plus, en cas de chute subite de la demande d’électricité, elles permettent de réduire la production beaucoup plus rapidement et à moindre coût que les technologies de production traditionnelles.

Les bases du réseau de demain

Donc, pouvons-nous profiter du coût incroyablement bas des énergies solaire et éolienne et les placer au cœur de réseaux d’électricité fiables? La réponse est oui.

Plus encore : les énergies éolienne et solaire et le stockage d’énergie constitueront des bases solides. Les réseaux de demain seront plus diversifiés, décentralisés et interconnectés, et privilégieront le solaire et l’éolien tout en fournissant les outils nécessaires pour assurer leur fiabilité. Les Canadiens profiteront alors de services améliorés à prix réduit permettant en prime de lutter contre les changements climatiques.

Cet article est le quatrième d’une série exposant la vision de CanREA dans laquelle j’explique pourquoi les énergies éoliennes et solaires et le stockage d’énergie seront au cœur de la transition énergétique du Canada. Jusqu’à présent, j’ai fait valoir que ces technologies représentent la trajectoire la plus abordable pour le réseau électrique, en plus d’offrir  de nombreuses retombées économiques intéressantes (création d’emplois stables bien rémunérés et investissement dans les communautés rurales). Elles nous permettent également  de lutter contre les changements climatiques, le plus important défi environnemental de notre époque, et elles représentent des solutions fiables pour l’avenir énergétique du Canada. Dans mon prochain article, j’expliquerai comment elles offrent de nouvelles options aux consommateurs.  

Carpe diem, Canada

Nous pouvons atténuer les changements climatiques, mais seulement si nous plaçons l’éolien, le solaire et le stockage d’énergie au cœur d’une transition complète vers l’énergie propre dès aujourd’hui.

Il y a plus de 30 ans que je milite pour des mesures de réduction des gaz à effet de serre (GES), principalement de l’intérieur de la communauté environnementale et à titre de représentant du secteur de l’énergie renouvelable. Si l’on constate un progrès réel durant cette période, dans l’ensemble, le rythme des changements s’est révélé insuffisant : à l’heure où nous devrions sprinter pour tout tenter afin de prévenir la catastrophe, nous marchons lentement dans sa direction.

La température moyenne au Canada augmente deux fois plus rapidement que la moyenne mondiale. Les signes des changements climatiques sont partout : fonte du pergélisol, montée du niveau des mers littorales, modification des tendances d’accumulation de neige et températures extrêmes provoquant une augmentation des inondations, des sécheresses et des tempêtes violentes.

Nous voyons déjà des répercussions importantes sur nos écosystèmes, nos communautés, nos infrastructures et notre économie, et la situation est en voie de s’aggraver dramatiquement.

En vertu de l’Accord de Paris, le Canada s’est engagé à réduire ses émissions de GES de 30 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2030, et s’est joint à plus de 120 autres nations avec sa promesse d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Il s’est également fixé un objectif de réseau propre, visant ainsi 90 % de sources d’électricité non émettrices avant 2030 et 100 % avant 2050.

Les objectifs, c’est une chose; les résultats, c’en est une autre. Malgré les mesures prises jusqu’ici par le Canada, ses émissions annuelles de GES sont demeurées relativement stables depuis 2005, à plus ou moins 700 Mt, toujours aussi loin de l’objectif de Paris de 524 Mt.

En décembre 2020, l’Association a accueilli le nouveau plan du gouvernement fédéral, « Un environnement sain et une économie saine ». Il s’agit d’un pas important vers l’atteinte de la carboneutralité d’ici 2050, mais il est crucial que les nouvelles propositions qu’il contient se traduisent par des mesures concrètes aux résultats significatifs dès 2021.

Comment y arriver?

Les cibles de réduction de GES que s’est fixées le Canada pour 2030 et 2050 posent un défi, mais sont certainement atteignables.

L’Institut canadien pour des choix climatiques a récemment publié un rapport analysant 60 trajectoires potentielles différentes qui permettraient au Canada de devenir carboneutre d’ici 2050. Sa conclusion? Des technologies « valeurs sûres » permettraient de presque atteindre la cible de 2030 et une bonne partie de celle de 2050, bien qu’il faudra compléter ce travail par certaines des nombreuses technologies « paris risqués ».

S’il existe d’importantes différences entre les scénarios de carboneutralité, tous reposent sur une décarbonation et une expansion considérable du réseau électrique.

Heureusement, le Canada est mieux placé que la plupart de ses homologues pour développer une stratégie à partir de cette pierre angulaire. Pour y arriver, il doit agir sur trois fronts.

1. Première étape : Un approvisionnement en électricité propre

Au Canada, 82 % du réseau électrique est déjà propre. Les 18 % restants peuvent facilement le devenir grâce aux abondantes ressources d’énergie renouvelable inexploitées du pays – dont le potentiel dépasse de beaucoup cette proportion.

Nous devons faire en sorte que toute nouvelle production d’électricité découle de processus concurrentiels et de signaux du marché visant une production propre des plus abordables.

Halkirk Alberta Wind Farm. Photo : Capital Power

Grâce à leur coût concurrentiel, l’éolien et le solaire seront les principales ressources à l’avant-plan de ces nouveaux investissements, complétés par d’autres en stockage et en transport interprovincial d’énergie pour garantir la fiabilité.

Le président Biden a affirmé que les États-Unis prendront des mesures pour décarboner leur réseau électrique d’ici 2035. Le Canada peut faire de même et devrait accélérer ses efforts en ce sens, tout en travaillant avec son voisin du sud pour permettre l’exportation d’électricité propre et ainsi l’aider à atteindre son but.

2. Deuxième étape : L’abandon des combustibles fossiles, car un réseau propre, c’est loin d’être assez

Notre électricité peut bien être la plus propre au monde, mais tant que le transport, l’industrie lourde et le chauffage ne seront pas électrifiés, nous n’arriverons pas à réduire nos émissions de GES de manière substantielle.

Actuellement, l’électricité répond à 16 % des besoins énergétiques du Canada. Les 84 % restants sont en grande partie comblés par les combustibles fossiles (pétrole, gaz naturel, charbon). Heureusement, pour bon nombre de ces besoins, les possibilités d’utiliser de l’électricité abondent.

La transition devrait commencer par le transport. Au cours des derniers mois, les signes encourageants se sont multipliés concernant les voitures électriques : promesse de constructeurs automobiles de transition vers une production de véhicules électriques, achats de voitures électriques en hausse chez les consommateurs, augmentation des investissements dans les infrastructures de recharge.

Nous avons également vu des engagements visant à bannir la vente de voitures à essence : d’ici 2035 au Québec et d’ici 2040 en Colombie-Britannique. Il faut maintenant rassembler toutes ces initiatives prometteuses en une stratégie globale fédérale-provinciale d’électrification du transport de passagers.

Ensuite, il faudra définir des stratégies similaires pour l’électrification de l’industrie lourde et des bâtiments. Si les gouvernements font bien de se consacrer à l’amélioration de l’efficacité énergétique du parc immobilier existant, il n’en reste pas moins crucial qu’ils profitent de ces rénovations pour explorer les possibilités d’autoapprovisionnement en énergie par une production d’électricité sur place (panneaux solaires sur les toits).

3. Troisième étape : Une production d’électricité beaucoup plus importante

Des études – notamment celles menées par l’Institut de l’énergie Trottier, le projet Trajectoire de décarbonation profonde à 2050 de l’ONU et l’Accélérateur de transition – sont toutes parvenues à une même conclusion : il faudra doubler ou tripler la taille du réseau électrique du Canada d’ici 2050 pour contrer les changements climatiques.

En effet, la réduction considérable des émissions de GES d’ici 2050 implique une augmentation de la demande en énergie propre pour alimenter les voitures électriques, les thermopompes électriques et de la nouvelle machinerie industrielle novatrice dans des secteurs comme celui de l’aluminium.

Un tel déploiement prendra du temps; nous devons commencer à prévoir le réseau électrique de 2050 dès maintenant pour mettre toutes les chances de notre côté.

Leadership mondial

Le Canada a une occasion de s’ériger en véritable leader mondial de la transition énergétique. Nos abondantes ressources énergétiques renouvelables nous procurent un avantage compétitif et nous sommes bien placés pour en profiter : la décarbonation et la forte expansion de notre réseau électrique propre compteront pour beaucoup dans l’atteinte de l’objectif de carboneutralité de 2050.

Les changements climatiques ne sont pas réversibles, mais avec une collaboration intersectorielle et interprovinciale, nous pouvons les ralentir afin que leurs effets soient plus gérables tout en créant des possibilités pour tous les Canadiens.

Nous avons une occasion unique de prévenir une catastrophe pour nos enfants et nos petits-enfants. Saisissons-la sans attendre!

Carpe diem.

Cet article est le troisième d’une série exposant la vision de CanREA quant à la façon dont l’éolien, le solaire et le stockage d’énergie, ensemble, seront au cœur de la transition énergétique du Canada. Jusqu’à présent, j’ai fait valoir que ces technologies représentent la trajectoire la plus abordable pour le réseau électrique du Canada, en plus d’offrir de nombreuses retombées économiques intéressantes (création d’emplois stables bien rémunérés et investissement dans les communautés rurales). L’énergie propre est également au cœur de nos initiatives nationales de lutte contre les changements climatiques, le plus grand défi environnemental de notre époque. Dans mon prochain article sur la vision de l’Association, j’expliquerai comment les énergies éolienne et solaire et le stockage d’énergie, ensemble, peuvent contribuer à la création du meilleur avenir possible pour les Canadiens en offrant de nouvelles options aux consommateurs.

Réels retours du renouvelable

Solides arguments économiques pour placer les énergies éolienne et solaire et le stockage d’énergie au cœur de la transition énergétique du Canada.

Dans un précédent article, j’affirmais que les énergies éolienne et solaire à faible coût d’aujourd’hui, combinées aux ressources actuelles en hydroélectricité et aux technologies de stockage d’énergie de plus en plus abordables, constituent l’option la plus économique et la meilleure voie possible pour l’avenir du réseau électrique du Canada.

J’aborde aujourd’hui une autre facette de l’argument économique : en plus de représenter le moyen le moins coûteux d’atteindre nos cibles climatiques, une électricité abordable, propre et fiable procure aux Canadiens de nombreuses autres retombées économiques de taille.

Le pays tirerait particulièrement avantage à donner au solaire, à l’éolien et au stockage une place centrale dans sa transition énergétique : nouveaux investissements locaux massifs, importante création d’emplois et bénéfices directs pour les propriétaires résidentiels, les petites entreprises et les collectivités d’accueil en milieu rural et éloigné, y compris les communautés autochtones.

Investissements

L’énergie renouvelable et le stockage sont les fondements de la transition que doit opérer le Canada pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050.

L’éolien, le solaire et les batteries recevront 80 % des investissements dans l’augmentation de la capacité de production d’électricité à l’échelle mondiale entre aujourd’hui et 2050, selon Bloomberg New Energy Finance. C’est 12 billions de dollars en nouveaux investissements.

Le Canada regorge de ressources solaires et éoliennes de grande qualité encore inexploitées : il devrait donc tâcher de se rendre attrayant pour ces investisseurs.

Chaque ajout de 100 MW de capacité éolienne signifie environ 180 millions de dollars d’investissement, et chaque ajout de 100 MW de capacité solaire, 112 millions de dollars. Les collectivités locales en retirent des bénéfices substantiels durant tout le cycle de vie du projet.

Création d’emplois

Les nouveaux investissements dans les énergies éolienne et solaire et le stockage d’énergie sont susceptibles de créer de nombreux emplois au pays.

Cette retombée est déjà manifeste à l’étranger. Selon l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), les secteurs de l’éolien et du solaire photovoltaïque employaient environ 5 millions de personnes en 2019, comparativement à un peu plus de 2 millions en 2012. La croissance de ces secteurs est rapide, et elle s’accélère fortement partout dans le monde.

Il y a possibilité de création d’emplois à toutes les phases du cycle de vie des projets solaires, éoliens et de stockage (développement, construction, opération et mise hors service et démantèlement). C’est sans compter les nombreux emplois associés à la fabrication de ces technologies et de leurs principaux composants.

En fait, étant donné le développement rapide prévu des secteurs de l’éolien et du solaire, le potentiel de création d’emplois est énorme. Il s’est même déjà confirmé aux États-Unis, où les professions de technicien en éoliennes et de technicien en solaire sont celles qui affichent la plus forte croissance.

Retombées pour les particuliers et les collectivités

Les nouveaux projets solaires et éoliens commerciaux génèrent des revenus de location pour les propriétaires fonciers et des recettes fiscales pour les collectivités d’accueil, en plus de diverses autres retombées qui répondent aux besoins prioritaires locaux, selon les ententes conclues avec les promoteurs.

Par exemple, une étude de la chaîne d’approvisionnement de l’Alberta a montré que 100 MW de capacité éolienne représentent environ 1 million de dollars par année en impôt foncier pour la collectivité d’accueil et environ 500 000 dollars en redevances aux propriétaires fonciers.

Il s’agit là de retombées économiques importantes pour les collectivités rurales qui hébergent des projets éoliens et solaires commerciaux. Beaucoup de ces collectivités ont une base industrielle limitée; les recettes de ces projets d’énergie renouvelable améliorent la stabilité de leur économie, qui repose souvent sur les recettes variables d’activités telles que l’agriculture, la foresterie et la pêche.

Par ailleurs, les propriétaires résidentiels, les entreprises et les organismes communautaires peuvent profiter de retombées économiques directes en installant des panneaux solaires sur leurs toits : réduction de la facture énergétique et augmentation de la valeur du bâtiment.

Retombées pour les communautés autochtones

Les communautés autochtones de tout le Canada cherchent de plus en plus à tirer parti des projets éoliens et solaires. Les promoteurs, de même que les gouvernements avec leurs politiques, répondent à l’appel.

Selon Indigenous Clean Energy, 197 des projets d’énergie renouvelable de taille moyenne à grande au Canada (plus du tiers étant solaires ou éoliens) appartiennent en tout ou en partie à des peuples autochtones et bénéficient de leur participation. À cela s’ajoutent quelque 2 000 petits réseaux d’énergie renouvelable exploités sous la direction d’Autochtones ou en partenariat avec eux. Et ces nombres sont voués à croître fortement dans les prochaines années.

Rôle du stockage

Le stockage d’énergie est à un stade de déploiement plus précoce que l’éolien et le solaire au Canada, mais il promet déjà d’importantes retombées économiques.

En effet, véritable couteau suisse de la transition énergétique, le stockage peut rendre de multiples services. En permettant une utilisation plus efficace des ressources fiables et abordables que sont le vent et la lumière du soleil, il améliore la fiabilité du réseau, réduit les pannes coûteuses et retranche les coûts associés au réseau.

Un grand nombre d’entreprises et de services publics d’énergie renouvelable l’intègrent déjà à leurs activités de planification et de développement, et cela devrait s’accélérer à mesure que le coût de la technologie continue de chuter.

Retours du renouvelable

Le Canada doit grandement augmenter le développement de l’énergie éolienne, de l’énergie solaire et du stockage d’énergie s’il veut avoir une chance de devenir carboneutre d’ici 2050. Il est tout aussi essentiel que les Canadiens, et leurs collectivités, profitent des retombées économiques importantes et concrètes associées au développement maximal de ces technologies d’énergie renouvelable – des retombées qui feront boule de neige sur des générations.

Dans mon prochain article sur la vision de l’Association, j’expliquerai pourquoi les énergies éolienne et solaire et le stockage d’énergie jouent un rôle décisif dans la lutte contre les changements climatiques.

Pour obtenir plus de données sur l’énergie solaire, l’énergie éolienne et le stockage d’énergie au Canada, rendez-vous sur notre page En chiffres.   

L’abordabilité du futur réseau électrique du Canada passe par le développement massif des énergies éolienne et solaire

L’énergie éolienne, l’énergie solaire et le stockage d’énergie occuperont une place centrale dans l’évolution du bouquet énergétique canadien. La principale raison? L’abordabilité.

C’est un fait : les énergies éolienne et solaire connaissent une croissance importante au Canada et à l’international.

En effet, dans le New Energy Outlook 2020, Bloomberg New Energy Finance (BNEF)* prévoit que le recours aux énergies éolienne et solaire dans la réponse à la demande mondiale en électricité passera de 9 % actuellement à la proportion impressionnante de 56 % d’ici 2050. Cette prévision concorde avec celle de DNV GL dans Energy Transition Outlook 2020*, soit que d’ici 2050, les énergies éolienne et solaire combleront 62 % de la demande mondiale en électricité.

Fait surprenant, selon ces études, le principal facteur de cette croissance colossale est avant tout économique, bien avant la capacité de lutte contre les changements climatiques.

Si les énergies éolienne et solaire deviennent les sources de premier choix pour la production d’électricité mise en service à l’échelle mondiale, c’est parce qu’il s’agit des moins coûteuses. Il nous faudra donc leur accorder une part bien plus grande du bouquet énergétique pour que nos tarifs d’électricité demeurent bas.

Selon le rapport Levelized Cost of Energy Analysis 2020 de Lazard*, le coût de l’énergie solaire a chuté de 90 % depuis 2009, et celui de l’énergie éolienne, de 71 %. Aux États-Unis, le coût moyen actualisé de ces deux types d’énergie est maintenant plus bas que celui de toute autre source de production d’électricité mise en service.

Il en va de même à bien des endroits dans le monde. Selon BNEF, c’est maintenant l’une ou l’autre de ces sources qui est la moins coûteuse dans les pays qui comptent pour les trois quarts de l’économie mondiale. Dans le World Energy Outlook 2020, l’Agence internationale de l’énergie* qualifie l’énergie solaire de « nouvelle reine de l’approvisionnement en électricité » et explique qu’il s’agit de la source la plus abordable à ce jour.

Au Canada aussi, les projets éoliens et solaires sont compétitifs par rapport aux autres sources de production d’électricité mise en service. Par exemple, des contrats d’énergie éolienne à des tarifs inférieurs à 40 $/MWh ont été signés en Alberta* et en Saskatchewan*, et des contrats d’énergie solaire ont été conclus en Alberta à des tarifs de 48 $/MWh en moyenne*.

Ces montants, déjà peu élevés, devraient diminuer encore grâce à l’évolution constante de la technologie. BNEF prévoit que dès le milieu des années 2020, l’électricité des nouvelles installations éoliennes et solaires sera moins chère que celle des centrales au charbon et au gaz naturel.

Certains diront que ces coûts sont sous-estimés, car ils ne tiennent pas compte du fait qu’en raison de la variabilité de ces sources d’énergie, il faut les combiner à diverses technologies pour arriver à un haut taux de pénétration dans le réseau électrique. Cependant, la ressource hydroélectrique, dont le Canada dispose en abondance, est un excellent atout peu coûteux pour faciliter l’intégration des énergies éolienne et solaire à bien des endroits du pays.

Au même moment, BNEF, DNV GL et Lazard rapportent l’importante baisse de coûts de plusieurs technologies de stockage d’énergie. BNEF révèle par exemple que le coût des batteries au lithium-ion a chuté de près de 90 % dans la dernière décennie. De son côté, DNV GL prévoit que ce coût diminuera encore des deux tiers d’ici 2030.

Dans un prochain billet, nous creuserons davantage les façons les plus rentables d’assurer la fiabilité d’un réseau composé en grande partie de sources éoliennes et solaires. Pour le moment, il n’en reste pas moins évident que les énergies éolienne et solaire à faible coût d’aujourd’hui, combinées aux ressources actuelles en hydroélectricité et aux technologies de stockage de plus en plus abordables, constituent l’option la plus économique et la meilleure voie possible pour l’avenir du réseau électrique du Canada.

Pour plus de données sur l’énergie solaire, l’énergie éolienne et le stockage d’énergie au Canada, rendez-vous sur notre page En chiffres.  

* En anglais seulement