La reprise économique pourrait contribuer à l’avenir carboneutre du Canada

Robert Hornung | juillet 27, 2020

Les investissements visant à stimuler l’économie dans le contexte de la COVID‑19 doivent appuyer la croissance des énergies éolienne et solaire et du stockage d’énergie.

Le Canada réalise des progrès constants dans l’atténuation des effets dévastateurs de la COVID‑19 sur la santé des Canadiens et l’économie. Même s’il reste encore beaucoup de travail à faire, l’attention du public se tourne vers une autre question : comment les gouvernements peuvent-ils stimuler au maximum la reprise économique? En raison de l’ampleur des investissements requis, il s’agit d’une occasion unique de « rebâtir en mieux », c’est-à-dire de faire en sorte que les nouvelles activités économiques contribuent également à régler d’autres défis importants.

Et il n’y a, pour le Canada, pas de défis plus grands que la lutte contre les changements climatiques.

À la lumière des données climatologiques, le Canada s’est engagé à atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Si les avenues en ce sens sont nombreuses, les modélisations et les analyses pointent invariablement vers trois éléments clés :

  • Le Canada doit se doter d’un réseau électrique qui n’émet pratiquement pas de gaz à effet de serre.
  • Le Canada doit augmenter considérablement (doubler) sa production d’électricité et utiliser cette électricité pour remplacer les autres sources d’énergie utilisées dans les transports, les bâtiments et les industries.
  • Le Canada doit augmenter considérablement sa production d’énergies éolienne et solaire, de même que sa capacité de stockage.

Malheureusement, le Canada n’est pas en voie d’atteindre son objectif de carboneutralité. En effet, dans son récent rapport Offre et demande énergétiques à l’horizon 2040, la Régie de l’énergie du Canada estime que la part de production d’électricité sans émissions polluantes au Canada passera de 81 % aujourd’hui à 83 % seulement à l’horizon 2040. Selon les prévisions, la production d’électricité n’augmentera que de 14 %, et même si la production d’énergies éolienne et solaire devrait doubler durant cette période, le gaz naturel, source de gaz à effet de serre, devrait être la principale filière de production d’électricité mise en service.

Les stratégies de relance du gouvernement en réponse à la crise de la COVID‑19 pourraient non seulement créer des emplois largement dispersés et de grande qualité, mais aussi amener le pays à atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Pour ce faire, ces stratégies doivent favoriser les éléments suivants :

  • Les travaux demandant une importante main-d’œuvre, comme l’installation de systèmes de production d’énergie solaire et de stockage résidentiels, commerciaux et institutionnels dans tout le Canada.
  • La construction de grandes infrastructures comme des lignes de transmission et des systèmes de stockage, lesquels amélioreront l’intégration et l’utilisation des énergies éolienne et solaire.
  • L’électrification des transports et la production d’hydrogène vert au moyen des énergies éolienne et solaire, lesquelles pourraient ouvrir la porte à de nouvelles applications industrielles tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre des transports.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier que la relance économique ne passe pas seulement par de nouvelles dépenses : les gouvernements peuvent aussi éliminer les obstacles commerciaux et réglementaires aux investissements dans l’atteinte de la carboneutralité. En voici des exemples :

  • Créer des marchés de l’électricité et des processus d’approvisionnement transparents, justes et concurrentiels axés sur les sources d’électricité et les systèmes de stockage propres les moins coûteux.
  • Faire en sorte que les consommateurs puissent choisir leur source d’électricité, et favoriser l’indépendance énergétique.

Si le Canada veut atteindre la carboneutralité, il faut agir maintenant. Même si 2050 paraît encore loin, 30 ans, c’est très court dans le secteur de l’énergie. La plupart des installations de production construites aujourd’hui seront encore en service après 2040. La construction des grands projets d’infrastructure après leur autorisation, tels que les lignes de transmission, de même que l’obtention des permis nécessaires peuvent prendre des années. La transformation des marchés de l’électricité et de leurs cadres réglementaires est également un processus complexe et chronophage. La réussite souhaitée en 2050 repose sur les décisions prises aujourd’hui. Et les mauvaises décisions pourraient rendre la carboneutralité d’ici 2050 impossible à moins de délaisser des actifs et des investissements.

L’Association canadienne de l’énergie renouvelable a vu le jour le 1er juillet 2020. Elle appuie l’engagement du Canada à l’égard de la carboneutralité et travaille à l’avancement des énergies éolienne et solaire et du stockage d’énergie partout au pays, qu’il s’agisse d’installations de services publics ou d’applications commerciales et résidentielles.

Le Canada se classe déjà parmi les dix meneurs mondiaux pour sa puissance éolienne installée, et parmi les vingt pays ayant la plus grande puissance solaire installée. Dans la dernière décennie, l’énergie éolienne a été la principale filière de production d’électricité mise en service au Canada et est aussi devenue la moins coûteuse. Les coûts liés à l’énergie solaire chutent encore plus rapidement. Forte de ses vastes ressources inexploitées, le Canada peut en faire bien plus.

Les répercussions économiques de la crise de la COVID‑19 pourraient servir de catalyseur. La pandémie nous a forcés à repenser de nombreux volets de notre quotidien et de notre économie. La vie après la COVID‑19 ne sera plus la même, mais elle pourrait être mieux de bien des façons. Pour prendre les changements climatiques et l’objectif de carboneutralité au sérieux, il faut réévaluer l’avenir du réseau électrique et « rebâtir en mieux ».

Il est encore possible de façonner l’avenir souhaité, mais seulement si l’on agit aujourd’hui.

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