Le Canada a besoin d’un plan d’électricité audacieux – maintenant.

Le secteur canadien de l’électricité offre au gouvernement fédéral de nouvelles règles du jeu pour répondre à la demande croissante et assurer notre avenir économique.

Article d’opinion de l’Alliance canadienne de l’électricité : Vittoria Bellissimo (présidente-directrice générale, Association canadienne de l’énergie renouvelable), Francis Bradley (président-directeur général, Électricité Canada), Michelle Branigan (présidente-directrice générale, Ressources humaines, Industrie électrique du Canada), George Christidis, président-directeur général, Association nucléaire canadienne), Elisa Obermann (directrice générale, Marine Renewables Canada) et Lorena Patterson (présidente-directrice générale, Hydroélectricité Canada)

Avec l’arrivée d’un nouveau gouvernement fédéral, le secteur de l’électricité est à un carrefour crucial. Les changements climatiques se multiplient, la dynamique énergétique mondiale se transforme, la demande en électricité augmente et des droits de douane américains se profilent à l’horizon. Nous devons à tout prix protéger notre avantage national.

Les Canadiens comptent sur une électricité abordable, fiable et sûre. Ils peuvent compter sur le secteur canadien de l’électricité pour livrer la marchandise.

L’économie canadienne repose sur une électricité abordable, fiable et abondante. Aujourd’hui, notre pays s’alimente essentiellement de sources énergétiques propres, à hauteur de 60 % pour ce qui est de l’électricité. Les énergies renouvelables, comme l’éolien et le solaire, sont en plein essor, tout comme les solutions d’entreposage d’énergie. Dans ce paysage, l’électricité nucléaire est au premier plan, surtout en Ontario et au Nouveau-Brunswick, et elle le sera bientôt dans d’autres provinces.

Mais notre électricité actuelle sera insuffisante. Le Canada produit environ 630 TWh d’électricité par année, mais chaque province et territoire prévoit un besoin qui dépassera largement cette quantité. Tandis que nos industries s’électrifient, que notre secteur manufacturier connaît un nouvel essor et que notre économie se numérise, nos systèmes électriques seront de plus en plus sollicités. Pour répondre à cette demande, nous devons investir massivement dans la production, le transport et la distribution d’électricité. L’expansion du marché canadien de l’emploi en sera le corollaire.

D’abord et avant tout, pour prendre un nouvel envol, le secteur de l’électricité a besoin de plus de clarté. Des processus d’approbation lents et incertains entravent les investissements dans des projets d’envergure, qui finissent par stagner, être annulés ou coûter plus cher. Il nous faut donc un processus d’approbation efficace pour les grands projets électriques et une version définitive des crédits d’impôt à l’investissement dans l’économie propre. De plus, vu l’éventuelle tarification du carbone des entreprises, nous recommandons la flexibilité voulue pour stimuler des gains environnementaux tout en favorisant l’innovation et la compétitivité sans pénaliser les régions ni les secteurs.

Par ailleurs, le Canada ne peut pas faire avancer l’énergie propre sans les communautés autochtones. D’un littoral à l’autre, des Autochtones sont les promoteurs ou les copropriétaires de projets d’énergie propre. Le nouveau gouvernement fédéral devrait prioriser les partenariats avec des chefs de file autochtones et s’assurer qu’ils ont voix au chapitre. Pour ce faire, il sera utile d’élargir des outils de financement comme la Banque de l’infrastructure du Canada et le Programme de garantie de prêts pour les Autochtones. Ainsi, les partenaires autochtones pourront s’engager pleinement et comme ils l’entendent, au profit de la réconciliation.

De plus, le Canada parle depuis des années de corridors énergétiques et de connexions de réseaux électriques entre les provinces. Le moment est venu de passer aux actes. Dans notre paysage énergétique diversifié, nos provinces et territoires gagneraient à s’appuyer les uns les autres. Gouvernement fédéral, provinces, sociétés d’État et entreprises de services publics doivent collaborer en faveur du commerce énergétique et des projets d’infrastructures interprovinciaux. La mobilité de la main-d’œuvre dans les métiers réglementés fait aussi partie de l’équation.

Les chaînes d’approvisionnement sont également au cœur de notre succès. Pour bâtir le réseau électrique de l’avenir et soutenir la croissance du pays, nous avons besoin de chaînes d’approvisionnement sécuritaires qui ont fait leurs preuves. Nos projets électriques dépendent de chaînes d’approvisionnement mondiales qui ont été sérieusement mises au défi cette dernière année. Pensons aux droits de douane, à une réglementation plus sévère et aux relations commerciales tendues avec les États-Unis. Le gouvernement fédéral doit nous aider à composer avec ces risques et à sécuriser les chaînes d’approvisionnement du secteur de l’électricité.   

Enfin, il nous faut un système de formation solide pour produire une forte main-d’œuvre spécialisée. Le secteur canadien de l’électricité en pleine expansion a besoin dans les milieux des métiers et de l’ingénierie d’effectifs bien formés qui voudront s’engager dans de nouvelles avenues professionnelles très avantageuses. Nous reconnaissons l’aide apportée jusqu’ici par le gouvernement fédéral, que nous invitons à continuer d’investir dans des programmes de formation durables afin d’agrandir une main-d’œuvre de calibre mondial.

Une électricité abordable, fiable et propre est un avantage canadien et le secteur de l’électricité est l’épine dorsale de notre économie. Nous avons accru l’offre tout en réduisant les émissions et nous continuerons de le faire. Nous sommes prêts à mettre en chantier, avec le nouveau gouvernement fédéral, un système électrique fort et résilient qui répondra à la demande croissante du Canada et assurera notre avenir économique. Mais pour y parvenir, il nous faut un plan d’électricité audacieux, dès maintenant.